Pour les dessinateurs qui ne veulent pas se brûler les doigts à la politique, qui refusent de caricaturer de Gaulle et les hommes de Londres, il reste la ressource du marché noir. Mine inépuisable. Aldebert représente un couple attendri et rondouillard attablé devant un énorme plat de purée. Et le garçon, complice, de souffler : Dans la purée, vous trouverez l'oie qui contient les biftecks qui enrobent les grives farcies aux champignons.
André François dessine un immeuble en construction. Les ouvriers n'ont pas terminé le rez-de-chaussée, mais déjà une queue se forme et la première cliente arrivée souffle à sa voisine : Paraît qu'il va y avoir une charcuterie dans la maison.
M. Max Bonnafous, ministre du Ravitaillement imaginera même de lutter par le rire contre le marché noir. C'est sous son patronage que l'on publiera, en 1943, un recueil de quelques-uns des meilleurs dessins humoristiques inspirés par le ravitaillement, ses insuffisances et toutes les parades imaginées par les Français.